Portraits de femme (6/8) : Mary Alice Hayward

Mary Alice Hayward est directrice générale adjointe et chef du département de la gestion à l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA). Avant de rejoindre l’AIEA en janvier 2017, Mme Hayward a occupé plusieurs postes de haut niveau dans le secteur privé et au sein du gouvernement américain, dont celui de vice-présidente de la stratégie, des affaires gouvernementales et du plaidoyer de l’ancienne AREVA Inc, une filiale d’AREVA SA (maintenant Orano & Framatome).

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1. Quelles sont les spécificités de votre parcours en tant que femme aux Nations unies ? Quelles difficultés particulières avez-vous pu rencontrer en tant que femme dans votre carrière ?

À l’AIEA, j’ai eu l’occasion de travailler avec de nombreux hommes et femmes très qualifiés. Il me semble que les femmes ont souvent un point de vue unique qui peut aider à la résolution de certains problèmes. Je n’ai pas l’impression d’avoir rencontré des difficultés en tant que femme au sein de l’Agence, mais plutôt d’avoir su, lorsque quelque chose ne me paraissait pas normal, l’accepter comme un challenge et oser réagir et me défendre. Mon expérience à l’AIEA a été très positive. Cela dit, je sais que cette expérience n’est pas universelle et, à ce titre, je crois fermement qu’en tant que cadre supérieure, j’ai la responsabilité de donner l’exemple et de veiller à ce que tout le monde soit traité sur un pied d’égalité, sans distinction fondée sur le sexe, la race, l’origine ethnique, les opinions religieuses et autres.

2. Comment favoriser l’accession des femmes à des postes de responsabilité ? Qu’avez-vous mis en place pour y parvenir au sein de votre organisation ?

Il est important d’atteindre l’équilibre entre les sexes dans tous les secteurs de notre organisation, y compris aux échelons les plus élevés. La promotion de l’équilibre et de la diversité entre les sexes est la bonne chose à faire, et les données montrent d’ailleurs que des organisations plus diversifiées obtiennent de meilleurs résultats sur les plans financier et organisationnel.

Nous voulons nous assurer que l’AIEA est un employeur de choix pour les femmes. C’est pourquoi nous avons intensifié nos efforts de recrutement qui ciblent des groupes spécifiques - y compris les femmes – dans les sciences, la technologie, l’ingénierie et les mathématiques, et d’autres domaines. Grâce à des activités de sensibilisation ciblées, des salons de l’emploi, des webinaires et d’autres outils, nous sommes en mesure d’atteindre un groupe plus vaste de femmes qualifiées. Nous travaillons également en étroite collaboration avec les États membres que nous informons des postes vacants. Nous leur demandons d’encourager les femmes qualifiées à poser leur candidature. Notre objectif ultime en matière de recrutement est d’embaucher les personnes les plus qualifiées.

Nous avons vu beaucoup de progrès ces dernières années. Les femmes représentent maintenant plus de 30 % du personnel de l’Agence dans la catégorie des administrateurs et fonctionnaires de rang supérieur - il s’agit du niveau le plus élevé de l’histoire de l’AIEA. Le changement se produit également aux échelons les plus élevés et, depuis janvier, un tiers des directeurs généraux adjoints de l’AIEA sont des femmes. Même si cela représente un progrès important, nous reconnaissons qu’il reste encore beaucoup à faire.

3. Quels sont les enjeux de la conciliation entre vie personnelle et vie professionnelle au sein de votre organisation ? Comment peut-on favoriser un meilleur équilibre sur ce point ?

L’AIEA a mis en place de nombreuses politiques pour promouvoir l’équilibre entre le travail et la vie personnelle de tous nos employés, hommes et femmes. Nous avons une politique de congés généreuse et, en janvier de cette année, nous avons introduit des horaires de travail plus flexibles.
Nous reconnaissons qu’il y a des défis dans certains champs spécifiques de notre travail - les inspecteurs des garanties passent par exemple beaucoup de temps sur le terrain, ce qui peut être difficile à équilibrer avec des obligations personnelles. Notre objectif est de fournir à notre personnel l’équilibre et le soutien dont il a besoin pour faire son travail sans avoir à sacrifier sa vie familiale.

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4. Comment voyez-vous l’évolution de la place des femmes dans vos domaines techniques ?

Je pense que des progrès sont en cours au moment même où nous parlons. Nous voyons plus d’efforts pour encourager les filles et les jeunes femmes à poursuivre leurs études et leur carrière dans les sciences, les technologies, l’ingénierie et les mathématiques. L’AIEA collabore avec les enseignants du secondaire de la région Asie-Pacifique pour améliorer l’enseignement des sciences nucléaires, notamment pour les filles. Ici, à Vienne, nous organisons chaque année une Journée des filles pour présenter aux filles du personnel de l’Agence le travail scientifique et technique que nous y accomplissons.
Nous faisons également de nombreux efforts pour attirer de jeunes employées à l’Agence, grâce aux stages et à notre programme de jeunes experts associés. Ces initiatives nous permettent de bénéficier du regard neuf des esprits les plus jeunes et les plus brillants du secteur nucléaire - dont beaucoup sont des femmes - et de constituer un vivier de futurs leaders dans le domaine. En retour, nous nous efforçons d’offrir à ces jeunes femmes et à ces jeunes hommes une expérience de travail significative qui sera utile à leur carrière.
J’espère qu’à mesure que ces jeunes femmes progressent dans leur carrière, elles seront capables d’atteindre des niveaux supérieurs dans des domaines techniques qui étaient moins accessibles pour les générations précédentes, et que le sexe ne sera plus un facteur lorsqu’il s’agira des possibilités offertes à la prochaine génération.

5. Si vous aviez une suggestion à faire pour améliorer la place dans femmes dans les organisations internationales, quelle serait-elle ?

L’appui et l’engagement des dirigeants et des cadres sont essentiels pour aider les femmes à réaliser leur potentiel dans les organisations internationales, et je prends très au sérieux mon rôle de chef du Département de la gestion de l’AIEA à cet égard. Cela dit, pour vraiment intégrer les changements nécessaires au niveau organisationnel, je pense qu’il est tout aussi important que chaque personne, quel que soit son grade, prenne la responsabilité de promouvoir l’égalité des sexes dans sa vie quotidienne. Cela signifie qu’il faut établir des objectifs clairs, reconnaître honnêtement où chacun d’entre nous pourrait avoir des préjugés auxquels il faut s’attaquer, et établir un plan d’action pour s’améliorer. En partageant tous ensemble cette responsabilité, nous pourrons continuer à nous améliorer et à tirer des leçons les uns des autres sur ce qui fonctionne.

6. L’ONU a lancé l’initiative « gender champions », dont les représentants se sont engagés à ne pas participer à des panels exclusivement masculins. Vous est-il arrivé de refuser d’assister à un panel composé exclusivement d’hommes, ou d’être la seule femme parmi un panel ?

Le directeur général de l’AIEA et moi-même sommes devenus des champions internationaux de l’égalité des sexes en 2017 parce que nous savons combien il est important de donner le ton à partir du sommet lorsque nous démontrons notre engagement envers l’égalité des sexes. Dans le cadre de cet effort, l’Agence organise des manifestations de sensibilisation aux questions d’égalité des sexes, avec des groupes d’experts comprenant des représentants des gouvernements des États membres, du Secrétariat et d’autres organisations sur le terrain.

J’organise une manifestation annuelle en marge de la conférence générale de l’AIEA, ainsi qu’une manifestation annuelle pour marquer la Journée internationale de la femme. Dans la mesure du possible, nous incluons des hommes dans les panels de ces événements parce que nous estimons que l’égalité des sexes n’est pas seulement une "question de femmes" - c’est une question "pour tous". Les panélistes masculins apportent une perspective unique à la discussion et aident à susciter l’engagement d’un public plus large.

De la même façon, il est difficile d’avoir une discussion de groupe significative sur un groupe d’experts composé uniquement d’hommes. Tout comme elles le font dans les réunions et dans d’autres contextes, les femmes et les personnes d’origines diverses peuvent apporter de nouvelles idées pour enrichir la discussion. J’ai apprécié les divers panels auxquels j’ai participé, en particulier les histoires personnelles uniques que les panélistes apportent. Ces histoires nous renseignent sur la condition humaine et l’expérience, en particulier dans le domaine nucléaire, auquel j’ai eu le privilège de consacrer ma carrière professionnelle.

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Dernière modification : 13/09/2019

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